Par
Gérard Faure-Kapper
C’est
en tant qu’ancien de la banque, au surcroit syndicaliste à l’occasion, que je
me permets ce ton familier mais autoritaire.
Vous
êtes parfaitement conscient de votre position inconfortable entre le marteau et
l’enclume.
Votre
organigramme hiérarchique me fait penser à un tableau de vieux fusibles. Pas
les disjoncteurs modernes que l’on réenclenche d’un coup de pouce, non, mais
les vieux fusibles où l’on enroule du fil de fer de plus en plus gros car on a
rien d’autre sous la main.
Mais
le jour où ça pète, alors ça pète pour de bon.
Croyez-moi,
le temps est à l’orage. Enfin, vous le savez mieux que moi. Vous arrivez à
l’agence, vous n’avez pas encore posé votre manteau que le téléphone sonne.
Qui
est-ce ? Est-ce un client en furie à qui la banque a encore débité 100€
de frais d’intervention ou est-ce le responsable commercial du secteur
qui vient de se faire ramoner par le patron car votre agence n’a pas rempli ses
objectifs.
Puis
les clients entrent. Oh madame Pichegrue ! Quelle angoisse d’être obligé
de proposer une assurance vie pour ses pneus de bicyclette pendant que le
directeur d’agence vous surveille.
Ca y
est, la vague est passée. On appelle sur l’ordinateur la liste des clients sur
les comptes desquels une écriture se présente alors qu’il n’y a pas la
provision. Untel, clic, je paye, untel, clic je paye, untel, clic je paye… non
je ne paye pas, untel… la liste défile. Chaque petit clic avec votre petit
doigt vous rapporte… pardon, rapporte à la banque 8€. Votre petit doigt, c’est
Goldfinger. Mais ce petit mouvement de l’index, c’est aussi une gâchette que
vous actionnez et chaque fois, c’est votre client que vous fusillez.
Et
la journée se passe entre les réclamations, les savons, les avoinées, les
critiques, les engueulades, les sermons, les reproches, les avertissements, les
observations, les leçons, les remontrances et j’en passe.
Vous
rentrez chez-vous le soir, non pas avec la sérénité que procure le sentiment
d’avoir accomplie son travail, mais avec la tête pleine des problèmes que vous
n’arrivez plus à évacuer.
Enfin
le week-end. C’est un peu plus calme, mais l’angoisse vous reprend le dimanche
soir, vers 18 heures, quand vous prenez conscience qu’il faut reprendre le
chagrin.
Cette
vie difficile, déprimante, ce n’est pas votre vrai métier. Avant cette
profession était intéressante, vous étiez reconnu, vous apportiez des
solutions, c’étaient des contrats gagnant gagnant et tout le monde s’y retrouvait.
Et
pourtant, mes chers collègues, le pire reste à venir, les banques ont besoins
de plus en plus de fonds et compensent la perte de rentabilité naturelle par
une course aux facturations anarchiques.
Les
commissions d’intervention, quand j’affirme qu’elles rémunèrent la décision d’accorder
un découvert, vous savez très bien que j’ai raison. Comme moi, vous êtes
écœurés par la formidable mauvaise foi de votre service juridique dans leurs
conclusions.
Vous
êtes ulcérés quand vous recevez les instructions de saquer un client en lui retirant
son découvert et en bloquant sa carte. Comment pouvez-vous supporter de refuser
100€ à une cliente, afin qu’elle fasse ses courses pour nourrir ses enfants,
alors qu’elle a le double sur son compte. Mais les ordres sont les ordres.
Evidemment
les clients ne vont pas se laisser faire, bien-sûr qu’il y aura une
recrudescence des plaintes.
Et
le pire, le pire de tout, le plus insupportable et le plus injuste, c’est que
vous servirez de fusible si les choses tournent mal au tribunal.
Je
m’adresse à vos syndicats, CGT, FO, CFDT, SNB, CFTC, à vos représentants,
prenez contact avec nous à l’APLOMB, notre combat est le vôtre, nous devons
faire cause commune.
Ensemble
nous changerons les choses. Pensez à vos clients, c’est ce qu’ils attendent de
vous.
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