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jeudi 1 décembre 2016

Lettre destinée à refroidir un huissier trop chaud


1 huissier fait du zèle, l'adhérent de l'APLOMB lui répond. ...simplement, calmement, clairement......il est très bon !!
A lire !


Cher Maître,
Notre entretien téléphonique ce matin m’a fait connaître la grande détresse émotionnelle dans laquelle vous vous trouviez. Emu, j’ai décidé d’accéder à votre requête en vous aidant.
En effet, vos propos pouvaient sembler désorientés. Je crois en votre bonne foi quand vous m’indiquez que votre « adresse email figure sur l’avis déposé ». Mais il n’y figure nulle part. C’est justement pour vous envoyer un courriel que je vous appelais.
Je crois également en votre bonne foi quand vous me suggérez d’insister sur la ligne fixe de votre étude. Celle qui raccroche automatiquement sans sonner. J’ai essayé à quatre reprises avec chaque fois le même résultat. C’est utile que vous le sachiez. Votre ligne de téléphone fixe semble dérangée. Et c’est vrai que ça peut contrarier.
Je crois également en votre bonne foi quand vous m’indiquez d’aller chercher votre adresse email sur internet. Mais sur votre site, il n’y a qu’une page de contact sans votre adresse email. Aucun moyen donc de vous adresser le document important qui vous intéresse : le courrier de la Banque de France qui déclare recevable mon dossier de surendettement (copie ci-jointe). Il était urgent de vous aider en vous l’indiquant : votre adresse email ne figure pas non plus sur votre site web.
En vous signalant ce point calmement et poliment, j’ai été ému par la disproportion de votre réaction. Je devine que vous êtes néanmoins un être sensible et délicat, et qu’il ne faut voir dans votre sursaut d’agressivité gratuite qu’un pur réflexe conditionné : « Que vous soyez en surendettement, ça me fait une belle jambe! Ca me met de bonne humeur. J’en ai rien à faire! Si mon créancier, il est pas (sic) dans le dossier, moi ça ne me concerne pas. » J’avoue, je n’en suis pas revenu. Même en réécoutant l’enregistrement de notre conversation téléphonique, j’en demeure étonné. Vous avez eu peur que je vous insulte. Soyez rassuré, ça n’arrivera pas.
Un tel assaut d’humeur émeut forcément les gens de cœur. Alors, je ne suis pas resté les mains dans les poches. Votre détresse m’a permis de deviner que c’est elle qui vous fait ignorer, voire redouter la loi. Voyez, c’est un bon jour, je vous porte secours en vous évitant de consulter la loi française qui gère votre métier, loi parfois très dure, j’en conviens, mais c’est la loi. Voici ce que dit le législateur sur le site https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F10434
 :
« La décision de recevabilité par la commission du dossier de surendettement suspend automatiquement et temporairement les procédures de saisie autres que celles liées aux obligations alimentaires. »
Certes, le site ne diffuse ni image distrayante ni propos consolateur pour ragaillardir un système nerveux fatigué. Mais la suite est néanmoins intéressante :
« La suspension, si elle est accordée, est acquise selon les cas :
jusqu'à approbation du plan conventionnel de redressement, ou jusqu'à adoption de mesures imposées ou recommandées, ou jusqu'au jugement prononçant un redressement personnel sans liquidation judiciaire, ou jusqu'au jugement d'ouverture d'une procédure de rétablissement personnel avec liquidation judiciaire. Elle ne peut toutefois pas excéder 2 ans.
Cette suspension entraîne l’interdiction pour le surendetté :
d'aggraver son insolvabilité,
de payer, en tout ou partie, une dette autre qu'alimentaire (y compris les découverts bancaires existants),
de rembourser les sommes que les personnes qui se sont portées caution ont déjà payées en lieu et place du surendetté. »
Eh voilà. La loi m’empêche de vous régler le moindre sou tant que le plan de la Banque de France n’est pas établi. Même si je voulais vous faire un chèque pour vous mettre de bonne humeur, je n’en ai pas le droit. J’en suis marri, notez bien. D’autant que j’avais déjà signalé mon surendettement à l’étude TROODUK (nom modifié) le mois dernier. Mais je me félicite que cela embellisse votre membre inférieur, comme vous l’avez signalé, tout candide que vous êtes de la vulgarité obscène de cette expression à l’encontre de vous-même. Décidément, c’est votre jour de chance, je vous apprends plein de trucs.
C’est pourquoi mon aide se limite à vous apporter, gratuitement, par courrier postal les informations qui vous faisaient défaut. Et comme je ne voudrais pas prolonger votre émouvante solitude dans une telle situation, j’en appelle à vos collègues responsables de la chambre des huissiers pour vous aider à supporter ce rappel à la loi, par copie de courrier.
Si besoin donc, vous aurez aussi l’aide de ceux qui font respecter la loi sur le harcèlement. Cela signifie qu’à partir de la date de réception de cette lettre, toute relance de votre part, par tout moyen, risque moins d’être considérée comme une demande désespérée d’amitié que comme du harcèlement et de l’intimidation. Vous m’accorderez qu’il serait regrettable de devoir porter plainte pour ce motif, cela hypothèquerait sérieusement vos chances d’obtenir la validation de la dette par les voies judiciaires. Votre courrier envoyé le même jour, 24 novembre, après notre entretien, semble donc oblitérer nos chances d’amitié : il illustre votre plaisir délibéré d’ignorer mon surendettement, plaisir peut-être concentré sur votre jambe susnommée.
Je vous adresse mon salut confraternel et vous souhaite une très guillerette journée, cher Maître.
Jean VALJEAN (nom modifié)
maître de mes émotions
PJ : surendettement Banque de France


4 commentaires:

  1. Comme quoi dans tout malheur il y a une face cachée de bonheur! C'est juste la façon dont nos observons les événements qui en change l'issue! Bravo au copywrighteur! Il devrait trouver facilement du travail pour écrire des lettres de vente. Merci pour le partage qui apporte du baume au cœur de tous ceux qui ont connu de tels excès de la part de ceux qui prennent assez facilement des rôles de figurants dans "Le bon, la brute et le truand"! ;-)

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  2. et que faire devant un huissier qui met des hypothèques judiciaires sur les biens alors qu'opposition a eté faite pour l'injonction de payer - il ne recule devant rien - une lettre a eété envoyée à la chambre des huissiers et cela ne fait rien - le livre foncier pareil ne s en préoccupe pas de la date d'opposition - cela se passe dans le 67 il faudrait intervenir svp

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