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Publié le 13 décembre 2013par Olivier Demeulenaere
"Dans la plus
grande opacité, sans tambour, sans trompette, les fonctionnaires européens
viennent d’instituer la possibilité et même l’obligation de spolier les
déposants auprès des banques en cas de faillite ou de difficultés. La
difficulté se définissant comme une crise systémique. Par exemple, une chute de
40% des marchés financiers comme celle que l’on a connue en début de crise
pourra, et même peut-être devra, déclencher le processus.
C’est en effet un accord historique infâme et scélérat. Il a été
obtenu sous la conduite du Français « de droite » Michel Barnier ; lequel
Michel Barnier est assisté de son conseiller spécial, l’ancien communiste
rédacteur du Programme Commun de la Gauche, l’économiste communiste Philippe
Herzog. Comme quoi il y a quand même des convergences qui ne sortent pas
simplement du cerveau embrumé des commentateurs.
Cette
coterie se gargarise de l’accord qui a été obtenu la nuit dernière. Pour eux,
c’est un accord historique qui garantit qu’à l’avenir, les pertes des banques
enregistrées au cours des mauvais jours (rainy days) ne seront plus supportées
par les contribuables. Quel culot ! Comme si tous les contribuables n’avaient
pas un compte en banque. Et comme si tous les gens qui ont un solde
significatif sur leurs comptes n’étaient pas contribuables. En réalité, ce sont
les mêmes qui paient mais avec un chapeau différent, ce sont les classes
moyennes, bien évidemment.
Voici
le contenu de l’accord scélérat :
1)
Cet accord dit de résolution des crises bancaires prendra effet en 2015
2)
Le bail-in, c’est-à-dire le prélèvement sur les porteurs d’obligations
bancaires et les créanciers des banques, prendra effet en 2016
3)
Un fonds de résolution sera créé. Il devrait représenter, dans dix ans, 1% des
dépôts garantis, ce qui représenterait environ 70 milliards sur les bases
actuelles
4)
A partir de 2016, la procédure du bail-in sera obligatoire. Cette procédure du
bail-in consiste dans l’ordre à faire payer les actionnaires, puis à faire
payer les détenteurs d’obligations bancaires, puis à faire payer les déposants
qui ont un crédit supérieur à 100.000€. Nous vous rappelons, pour ceux qui ne
le sauraient pas, que si vous avez de l’argent en banque, c’est-à-dire de
l’argent en dépôt, vous n’êtes pas propriétaire de cet argent, vous êtes
simplement créancier de la banque et, comme tel, vous serez victime du
prélèvement.
Il
est prévu que les petits dépôts et les PME, sans être exemptés, bénéficieront
d’un statut spécial. Nous nous interrogeons en effet sur le sens de
l’expression qui est utilisée : "les petits bénéficieront d’un statut
préférentiel."
5)
Le bail-in devra être effectué jusqu’à 8% du passif des banques, ce n’est
qu’après que l’on pourra utiliser le fonds de résolution des crises bancaires
6)
Après le bail-in ainsi décrit, deux options seront possibles. Soit on pourra
taper dans le fonds de résolution, soit on pourra faire appel à des ressources
d’Etat pour être recapitalisé. L’intervention de l’Etat sera plafonnée à 5% du
passif des banques et elle sera soumise à l’approbation des autorités
européennes
La
nationalisation ne sera possible qu’après que le bail-in de 8% ait été mis en
place.
Barnier
a déclaré : « les bails-out publics sont maintenant une pratique du passé ».
Il
est évident que cet accord est infâme. Pourquoi ?
1)
Considérer que les gens qui déposent leur argent en banque sont responsables
est une imbécillité. Il est obligatoire de disposer d’un compte bancaire, donc
on ne choisit pas. Par ailleurs, il est impossible d’obtenir la vérité sur la
santé des banques tant leur comptabilité est trafiquée avec la complicité de
l’Etat et des organismes de contrôle. Ceci signifie que le client d’une banque
n’a pas le choix. Et s’il n’a pas le choix, il ne peut être tenu responsable.
L’une des règles de la vie, c’est que l’on est responsable de ce que l’on
choisit de faire.
2)
Cet accord infâme ne tient pas compte du passé et de toute la classe sociale de
gens et des institutions qui se sont enrichis pendant la période de vaches
grasses de la kleptocratie dominante. Le mécanisme ne prévoit nulle obligation
de « rendre » l’argent que l’on a touché indûment, nulle obligation de
souscription forcée au capital, nulle obligation pour les banques d’émettre du
nouveau capital avant 2016. Or, depuis la crise, avec l’aide de la BCE, les
banques ont réduit les risques de leurs très gros apporteurs de capitaux, soit
par le biais de manipulations du capital, soit par le jeu sur les passifs
obligataires de différentes catégories. On a en quelque sorte, au plus haut
niveau, fermé les yeux sur des distributions, remboursements ou conversions
iniques qui réduisaient le risque des très gros et augmentaient le risque des
petits.
3)
Un tel système n’est défendable moralement et économiquement que si la
transparence bancaire est totalement assurée d’ici l’entrée en vigueur du
mécanisme de résolution. Les déposants doivent avoir une connaissance claire
des résultats de l’Asset Quality Review (AQR) auquel les autorités européennes
sont en train de procéder. Ils doivent connaître les fragilités de leur banque.
Ils doivent savoir exactement quels sont les actifs risqués qu’ils ont dans
leur bilan. Ils doivent connaître tout aussi exactement les risques qui se
trouvent au passif du fait des mismatch de durée entre les ressources et les
emplois. Tout cela doit faire l’objet d’une communication claire, certifiée,
que n’importe qui doit pouvoir comprendre.
Par
cette mesure de résolution des crises, se révèle au grand jour ce que nous ne
cessons de proclamer depuis 2008, à savoir que le traitement de la crise
consiste à protéger au maximum ceux qui se sont enrichis pendant la période de
kleptocratie dominante et à faire payer ceux qui, non seulement n’en ont pas
profité, mais ont été spoliés.
Cyniquement,
l’ancien patron de la Fed, Alan Greenspan, a déclaré en 2010, devant le
Congrès, que l’une des causes majeures de la crise financière était le fait que le risque "n’avait pas été assez disséminé". En clair, il voulait dire que la crise, c’était parce que les
banques avaient gardé le risque pour elles, au lieu de le refiler au public et
à ses caisses de prévoyance. Ici, le cynisme est à son comble puisque la
dissémination qui n’a pas eu lieu avant 2008, on prévoit de la faire
autoritairement après 2016. L’opération de bail-in consiste
à faire porter le risque ultime, là où Greenspan voulait le faire porter : sur
ceux qui sont le moins à même de le supporter : les petits.
Autre
remarque, on définit généralement une crise systémique comme une chute de 40%
des marchés financiers. Pourquoi ? Tout simplement parce que, en cas de chute
de 40% des marchés financiers, aussi bien les prêteurs que les débiteurs
deviennent insolvables. La baisse de la bourse ampute ce que l’on appelle les
collatéraux, c’est-à-dire les valeurs que l’on donne en gage pour obtenir des
crédits.
Depuis
l’an 2000, il y a eu 2 fois des chutes supérieures à 50%. Cela veut dire que le
phénomène n’est pas rare ; nous considérons que la probabilité de chute de 40%
des bourses est très élevée. Pourquoi ? Tout simplement parce que la politique
monétaire de la Fed et de la BCE a pour objectif de surévaluer les actions et
les obligations. Leur politique vise à gonfler artificiellement les cours pour
gonfler les actifs des banques. Si les cours sont, comme beaucoup le pensent,
surévalués de 40 à 50%, cela veut dire qu’une chute de 40% est tout à fait dans
l’ordre des choses. Pour certains, c’est à peine une probabilité, c’est une
certitude. Donc, les gouvernements et les Banques Centrales se donnent la
possibilité de faire payer la chute de la bourse aux petits déposants et aux
classes moyennes alors même que, d’une part les cours sont artificiels, et
d’autre part ces couches sociales n’ont pas bénéficié de la hausse. C’est du
vol pur et simple. Les taux d’intérêt sont actuellement voisins de zéro. Cela
signifie que tous les actifs financiers sont surévalués ; un jour ou l’autre,
il faudra remonter les taux. Une hausse des taux jusqu’au niveau normal,
compris entre 4 et 6%, balaierait les valeurs boursières, et ce faisant,
provoquerait la fameuse crise systémique qui est évoquée dans le mécanisme. En
clair, nous soutenons que les gouvernements et les Banques Centrales se donnent
la possibilité de ratisser l’argent du public le jour où ils devront monter les
taux d’intérêt. C’est une opération complexe, mais qui, en dernier ressort,
s’analyse exactement comme nous le disons. Pour résumer, pour traiter la crise, on met les taux à zéro, on
surévalue les actions et les obligations ; on met en place un mécanisme pour
ratisser l’argent du public en cas de baisse de la bourse, puis on monte les
taux et on ramasse.
Cela
dit, nous sommes persuadés qu’un tel mécanisme est inapplicable en France car
il est évident que toucher à l’argent des déposants pour un pouvoir quelconque
serait prendre le risque de se retrouver la tête au bout d’une pique.
En
attendant, vous avez évidemment compris ce qu’il fallait faire. Les dépôts
au-dessus de 100.000€ ne sont pas assurés et risquent au minimum un prélèvement
de 8% ; les dépôts inférieurs à 100.000€ ne sont pas totalement garantis. C’est
ce qui ressort d’une lecture attentive du texte. Si vous avez de l’argent à la
banque, on vous compte un taux d’intérêt négatif par le biais des frais qui
sont prélevés sur votre solde moyen ; vous n’avez évidemment aucun intérêt
positif. Conclusion : il est
déraisonnable de laisser s’accumuler de l’argent sur son compte bancaire. Cash
is king.
Nous avons
développé récemment une idée très riche, à savoir qu’il y avait maintenant
plusieurs monnaies et qu’un euro, à un endroit, n’était pas équivalent à un
euro à un autre endroit. Un euro bancaire n’est qu’une créance sur
la banque et ne vaut pas un euro. Ce qui vaut un euro, c’est la monnaie Banque
Centrale, celle qui est en billet et chez vous. Nous allons de plus en plus
vers une segmentation de l’univers des monnaies, à la fois en fonction des
lieux où elle est détenue, en fonction des institutions, en fonction des
régimes fiscaux, en fonction de la situation économique et financière du pays
d’accueil, etc. On maintient la fiction d’une monnaie unique au prix d’un
éclatement réel de ce qu’est la monnaie. Ce sont ce que nous appelons les
germes de la destruction".
Bruno Bertez, Le
blog à Lupus, le 12 décembre 2013
Banques, la spoliation des déposants est décidée, un accord historique !
RépondreSupprimerhttp://youtu.be/jbLFo02jlH8
RépondreSupprimerno comment ..................
il faut avoir fait sciences po. pour comprendre quelque chose..
RépondreSupprimervos explications sont plus claires Mr KAPPER..