Par
Gérard Faure-Kapper
« Tu vois Papa, le Crédit mutuel
appartient à ses clients, nous participons aux assemblées générales, chaque
sociétaire dispose d’une voix, ce n’est pas en fonction du compte en banque…
C’est ça la démocratie. »
J’ai
organisé et participé à grand nombre d’Assemblées Générales au cours de ma
carrière. Je ne peux pas supporter cette pub.
C’est
un énorme mensonge, une escroquerie intellectuelle, une insulte aux
sociétaires.
L’Assemblée
Générale, c’est une réunion qui se tient une fois par an, où sont conviés les
Sociétaires. Le Président expose son rapport, les comptes sont présentés, les
renouvellements des membres des conseils d’administration et de surveillance
sont soumis aux voix.
Et
le scrutin est organisé.
A
c’qu’on est heureux, c’qu’on est heureux, c’qu’on est heureux de vivre dans une
aussi belle démocratie !
Et
l’on annonce le résultat.
Voici
un résultat pris au hasard dans les derniers comptes-rendus d’assemblée.
Contre :
2, Abstention : 3, Pour : 654.
Formidable.
Comment obtenir une telle approbation, un tel enthousiasme, une telle
satisfaction, un tel élan mutualiste d’amour de sa banque.
C’est
d’autant plus curieux que les banques rackettent, ruinent, anéantissent,
détruisent au quotidien des hommes, des femmes, des entreprises. Jamais la cote
des banques n’a été aussi basse.
Ce
score est digne des plus grands démocrates. C’est presque le record d’Ismail
Omar Guelleh à Djibouti en 2005 : 100% des voix. Bachar El Assad en’était
qu’à 97,6% en 2007. Noursoultan Nazarbaïev au Kazakhstan en 2005 : 95,5%
des voix.
Quel
est le secret du Crédit Mutuel pour satisfaire autant son sociétariat.
C’est
simple. Lors de l’assemblée en question, il y avait environ 80 personnes dans
la salle. Seulement le rapport parle des sociétaires présents ou représentés.
Représentés :
cela signifie qu’il y avait 570 sociétaires qui avaient donné un pouvoir en
blanc.
Un
pouvoir, ou mandat, ou procuration, c’est un document sur lequel on désigne une
personne qui va nous représenter à l’Assemblée Générale. On signe pour un
membre de sa famille, ou un ami proche.
Cette
personne va donc prendre part au vote à notre place. On peut penser qu’elle va
voter dans notre sens.
Un
pouvoir en blanc c’est une déviation de ce principe.
Vous
signez le pouvoir, mais que vous laissez au Crédit Mutuel le soin de mettre un
nom. Evidemment ce sera un administrateur qui votera systématiquement pour la
politique en place.
Comment
la banque va pratiquer pour obtenir ces pouvoirs en blanc ?
Quand
vous recevez la convocation à l’assemblée générale, vous lisez en diagonale.
Que voyez-vous :
Participera
à l’AG
Ne
participera pas
Participera
au repas
Ne
participera pas
Merci
de signer ce document et de le renvoyer à votre agence au moyen de l’enveloppe
timbrée ci-jointe.
Le
brave sociétaire mais « non » aux deux, signe et poste le document.
Il
n’a pas vu une petite phrase : « Je donne pouvoir à ……….. pour me représenter.
Voilà
un pouvoir en blanc, et le nom sera complété par celui d’un administrateur.
C’est
un exemple que j’avais vu, mais il y a d’autres pratiques. La plus efficace, c’est
l’organisation de « journées rencontres » à quelques jours de l’assemblée.
Petites courbettes, petit Porto, petits biscuits, petite signature.
Donner
un pouvoir en Blanc est l’attitude la plus anti démocratique qui puisse être.
Un
sociétaire va à l’assemblée, se déplace, examine les comptes, participe aux
débats. Son vote sera avisé, intelligent et utile pour tous les sociétaires.
Malheureusement
sa voix sera compensée par des dizaines de « pouvoirs en blanc »
donnés par des sociétaires inconscients et irresponsables.
Ce
sont ces mêmes sociétaires qui seront les premiers à se révolter contre leur
banque.
Alors,
le conseil de l’APLOMB
NE
DONNEZ JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS DE POUVOIRS EN BLANC, JAMAIS.
UN
POUVOIR EN BLANC, C’EST L’APPROBATION SANS RESERVE DES ACTIONS DE VOTRE BANQUE.
UN
POUVOIR EN BLANC, C’EST UN COUP DE POIGNARD DANS LE DOS DE TOUS CEUX QUI
VEULENT REFORMER ET ARRANGER LES CHOSES DANS L’INTERETS DE TOUS.
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