Dans la
pénombre d'un bar situé en face du tribunal d'instance, dans le
quartier du quinzième, un avocat de la BNP se laissa emporter par une
confidence aussi troublante que captivante.
Il dévoila
avec une passion indéniable les arcanes mystérieuses des avocats de banque, ces
artisans de la légalité qui, loin de simples défenseurs, tissent une toile
astucieuse pour orner leur profit.
Au cœur des
conflits contre les institutions financières, on omet souvent d'explorer le
rôle de ces avocats. Au-delà de leur noble mission de défendre leur cliente,
ils ont ourdi un système ingénieux et tout à fait licite pour faire prospérer
leurs honoraires.
Il entama son
récit envoûtant.
Vous citez
votre banque en justice, et celle-ci confie le dossier à son avocat. À lui
revient la tâche de composer des "conclusions", généralement une
dizaine de pages, en tant que défense de la banque.
Inutile de
préciser que
ces conclusions demeurent toujours inchangées, le seul effort de l'avocat se
résumant à des copier-coller habiles.
Ces
conclusions devraient vous parvenir dans un délai raisonnable, disons une
semaine avant l'audience, vous offrant ainsi le loisir d'y répondre. Cependant,
invariablement, oui, invariablement, l'avocat les remettra à la dernière
minute, voire au moment même de l'audience.
Vous vous
trouvez alors dans l'impossibilité matérielle d'y répondre, et c'est
ainsi que vous sollicitez un report d'audience.
Un report
d'audience ? L'avocat de la banque en facture de nouveau les
services, généralement autour d'un millier d'euros.
Vous répondez
aux conclusions et les transmettez à l'avocat de la banque. Celui-ci
élabore alors un nouveau jeu de conclusions, s'accompagnant d'une nouvelle
facturation pour la banque.
Et, sans
surprise, ces conclusions vous seront remises à la veille de l'audience.
Nouveau report, nouvelle facturation.
Quant au
contenu de ces conclusions, il dévie souvent de l'objet du litige. Et la réponse
à vos conclusions ? Il ne modifie qu'une phrase ou deux, transformant ainsi un
dialogue potentiel en un échange stérile.
Prenons
l'exemple d'une banque. Nous voilà déjà à 7 jeux de conclusions. Le litige
initial, s'élevant à environ 10 000 €, se voit maintenant affublé d'une facture
d'avocat colossale, s'élevant à la somme impressionnante de 16 852,40 €. Les
banques, semble-t-il, préfèrent s'appauvrir en frais d'avocats plutôt que de
rechercher un compromis. Un étrange ballet financier, où l'amour du gain
éclipse la quête de la conciliation.
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