« S'il a mis fin à ses jours, c'est qu'il était dépressif », telle est la réponse stoïque, une sentence répétée à l'envi. Les commerçants, les
artisans, les paysans, tous sont touchés par ce scénario sinistre.
Les charges financières, telles des chaînes lourdes et froides,
s'abattent sans merci, dépourvues de toute compassion. Les commissions
d'intervention se gorgent de maigres profits, avalant les maigres lueurs
d'espoir. Les huissiers et les cabinets de recouvrement sont les hérauts de
l'obscurité, harcelant chaque jour leurs victimes.
« S'il a mis fin à ses jours, c'est qu'il était dépressif », martèlent on inlassablement.
Je m'adresse à vous, messieurs les banquiers. Réalisez votre tâche dans les limites de la loi, et la prospérité vous sourira. Vous n'êtes point coupables des tumultes et des tourments qui animent le monde des affaires. Cependant, vous êtes responsables si vous avez prélevé des frais au-delà du supportable, des frais qui écrasent tels des pièges tendus.
Les huissiers, vous aussi êtes interpellés. Exercez votre fonction
avec intégrité, scrutez avec précision les créances, et demeurez fidèles à
votre rôle, celui d'annoncer les décrets de la justice.
Le Chant des Tragédies
Le récit s'ouvre sur une petite fille de huit ans, son innocence
éclatante comme un rayon de soleil. Elle court vers le garage, une table
dressée, le repas attendu. Sa mère lui a confié une mission, celle d'aller
chercher son père qui s'adonnait aux travaux du bricolage depuis le matin. Elle
l'appelle, ouvre la porte du garage, et pénètre dans la pièce. Là, un sinistre
silence lui répond, un silence pesant, impénétrable.
Ailleurs, une mère de famille sort du supermarché, un chariot plein
de provisions, et son plus jeune enfant la suit, un petit être enjoué. Elle se
dirige vers sa voiture quand son téléphone sonne. À l'autre bout, la voix du
capitaine de la gendarmerie la saisit, et son cœur se serre. Son fils aîné,
qu'elle croyait au travail, s'était mystérieusement volatilisé.
À l'atelier numéro cinq, une machine s'immobilise brusquement. Une
pièce a cédé à l'intérieur, et l'ouvrier qui la maniait décide de couper
l'électricité. Il s'éclipse et se rend au préfabriqué qui abrite le bureau du
contremaître. Une requête dans son regard, il appelle son supérieur. Un silence
assourdissant répond à son appel, un silence accompagné seulement par la vision
des chaussures solitaires d'un homme étendu au sol.
L'Ombre du Suicide
En France, toutes les quarante-cinq minutes, ce funeste tableau se
dessine. À intervalles réguliers, hommes et femmes décident de mettre un terme
à leurs souffrances. Douze mille âmes choisissent cette sortie chaque année, et
l'ombre de ce chiffre ne diminue point. La complexité des causes sous-jacentes
est indéniable, mais il est impératif de ne point détourner le regard.
Il y a un quart de siècle, douze mille vies s'achevaient par le
suicide, tout comme dans les tragédies de la route. Pourtant, le temps a vu le
nombre d'accidents de la route chuter de soixante pour cent. La société tout
entière s'est mobilisée. Les routes ont été aménagées, l'État a financé, les
constructeurs ont innové, et une répression implacable a métamorphosé les
comportements. Des milliers de vies ont été sauvées.
Mais en ce même laps de temps, les suicides n'ont connu aucune baisse Pour voir ce chiffre chuter davantage, il est
impératif d'agir sur chaque cause.
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